Entre dépendance et affirmation : le parcours historique des lexicographes québécois
Claude Poirier
Claude Poirier
Divisé en deux parties, ce texte porte d’abord sur l’histoire linguistique des Québécois avec les Français selon les époques. Ensuite, l’auteur traite le sujet du cheminement des lexicographes au Québec. Cet article montre donc les liens entre la façon dont les Québécois ont interprété leur rapport avec la France et les productions lexicographiques qui en résultent.
D’abord, Claude Poirier fait un retour historique. De la période pré-coloniale (avant 1608) qui établie les origines du français nord-américain jusqu’à à la période de la Nouvelle-France (1608-1759). À ce moment-là, on pouvait déjà penser qu’il existait une manière « française » de parler et une manière « canadienne » (Claude Poirier, p.19).
De 1760 à 1840, la façon canadienne de penser et de parler s’impose. Puis, dès les premières années du XIXe siècle, on commence à s’intéresser à la question de la norme. Il est question entre autre du Manuel de Maguire qui a amené un sentiment de dévalorisation linguistique.
Ainsi, à partir des années 1860, les Canadiens-français se sentaient inférieurs aux Français. Les puristes cherchaient à influencer le grand public par plusieurs moyens : dans des manuels de corrections, des chroniques de langage et dans des émissions de radio. On y faisait passer le bon usage, celui des Parisiens instruits.
Claude Poirier nomme les auteurs Victor Lévy-Beaulieu, Hélène Pelletier-Baillargeon et d’autres à titre d’écrivains qui ont pratiqué le joual littéraire afin de manifester contre ce sentiment d’infériorité. Puis, la confiance des Canadiens-français revient peu à peu. C’est alors en 1962 que l’appellation « Québécois » est attestée.
Dans la deuxième partie, l’auteur fait place à la conscience identitaire et lexicographique. Un tableau (p.39) illustre clairement le classement d’auteurs dans trois approches différentes. Ces auteurs partagent un point commun, celui d’avoir écrit des ouvrages reflétant l’état d’esprit de la société dans laquelle ils vivaient où il y avait la nécessité d’une référence à la France comme norme du français canadien.
Malgré l’approche corrective de l’époque, le projet du Glossaire du parler français au Canada au début du XXe siècle a donné la place à la description. Claude Poirier mentionne aussi le Dictionnaire général de la langue française au Canada de Louis-Alexandre Bélisle. Ce dernier avait déclaré dans son introduction qu’« il faut cesser de croire, de dire ou de laisser entendre que tout ce qui est de nous est mauvais.» Cet ouvrage de Bélisle consistait à joindre description et prescription dans le même manuel.
Depuis, des dictionnaires présentant un point de vue nuancé en lexicographie ont vu le jour ces dernières années :
- Le dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada de Gérard Dagenais en 1967.
- Le dictionnaire des particularités de l’usage de Jean Darbelnet en 1986.
- Le Multidictionnaire de Marie-Éva de Villers en 1988.
- Le dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron en 1980.
- Le dictionnaire du français Plus publié en 1988. La controverse autour de ce dictionnaire est clairement exprimée par l’auteur. Il est intéressant de voir l’ampleur que cette publication a prise.
Suite au DFP, deux dictionnaires de la même veine, celle d’une nouvelle lexicographie québécoise ont été publiés : le Dictionnaire d’aujourd’hui publié en 1992 et le Dictionnaire québécois-français de Lionel Meney en 1999.
- Le dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada de Gérard Dagenais en 1967.
- Le dictionnaire des particularités de l’usage de Jean Darbelnet en 1986.
- Le Multidictionnaire de Marie-Éva de Villers en 1988.
- Le dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron en 1980.
- Le dictionnaire du français Plus publié en 1988. La controverse autour de ce dictionnaire est clairement exprimée par l’auteur. Il est intéressant de voir l’ampleur que cette publication a prise.
Suite au DFP, deux dictionnaires de la même veine, celle d’une nouvelle lexicographie québécoise ont été publiés : le Dictionnaire d’aujourd’hui publié en 1992 et le Dictionnaire québécois-français de Lionel Meney en 1999.
Il y a un grand besoin de dictionnaires français au Québec, mais la tâche des lexicographes québécois n’est pas facile. Ils doivent pouvoir relever le défi d’écrire des dictionnaires sans être correctifs et sans porter de jugement sur la question des anglicismes. On voudrait que les dictionnaires québécois soient le reflet d’une certaine autonomie linguistique de la société québécoise tout en gardant contact avec la France.
Claude Poirier termine son article en parlant du travail fait par le Trésor de la langue française au Québec. Cette équipe qui continue à faire la lumière sur l’origine du lexique québécois et à dresser un portrait de notre histoire linguistique afin que nous puissions, un jour, atteindre nos objectifs, c'est-à-dire de déterminer nos standards linguistiques.
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